ENQUÊTE :

(sujet : ma mère, Nathalie 50ans, ingénieur cadre pour Framatome.

COMMENT ENVISAGES-TU LES TRANSFORMATIONS SOCIÉTALES LIÉES A CETTE PROPOSITION DE DESIGN ?

J’ai du mal à les envisager d’un point de vue global. Selon moi, l’évolution va se faire par petit bout par petit bout, il y aura d’abords un faisceau d’ateliers qui vont petit à petit se propager vers différents domaines. Ce sera un changement lent qui sera difficile à appréhender par notre société actuelle qui elle est toujours en quête de l’efficacité à tout prix. Le plastique est un matériau phare de nos jours en au centre de nos systèmes de productions actuels. Et contrairement à lui qui a été très vite adopté et utilisé à grande échelle par la société, malheureusement, les biomatériaux et en particulier les matières vivantes vont mettre beaucoup plus de temps à s’ancrer dans cette société. Il y a donc les enjeux philosophiques de la société qui peuvent jouer mais également les enjeux économiques. L’industrie du pétrole a tellement d’ascendant que ça va être difficile d’en faire une industrie secondaire. Cependant, avec le cas actuel du Covid19, nous sommes amenés à reconsidérer nos moyens de production en étant en autonomie, en produisant localement et chez soi. Au final, cette crise nous invite à être plus humbles en nous faisant prendre conscience des limites de notre société. Ainsi, se rapprocher de la nature va devenir un besoin pour préserver la nature et pour nous préserver nous-même.

QUELLES QUESTIONS PRAGMATIQUES SE POSENT ?

Il est important de faire le lien entre la dégradation et la transformation du produit dans l’objectif de continuer à apporter quelque chose durant tout le développement de la matière lorsqu’il s’agit de Design Vivant. Cela passe par la fonctionnalité et l’esthétique de l’objet. Les capacités techniques du matériau doivent être contrôlées ce qui n’est pas évident lorsqu’on travaille sur le modèle de la nature puisqu’elle n’en tient pas forcément compte.

QUE PERD NOTRE SOCIÉTÉ ACTUELLE DANS CE CHANGEMENT ?

Ce changement radical engendre la perte des habitudes de consommations déjà bien ancrées dans la vie de chacun. On perd notre équilibre de consommation, même si au final nous n’avons pas grand-chose à y perdre mais plus à y gagner. C’est un risque à prendre car les processus de changements sont toujours perturbants.

EST-CE DONC UN CHANGEMENT SOUHAITABLE ?

Oui, si on arrive à développer des produits purement écologiques et ayant les mêmes propriétés de résistance, d’élasticité et esthétiques que ce qu’on est capable de créer artificiellement c’est vers ça qu’il faut tendre plutôt que de se diriger vers des moyens de productions chimiques. En revanche utiliser des matériaux vivants revient à changer l’échelle de temps au sein du processus de production. On est plus dans l’immédiateté ce sur quoi se base finalement notre société actuelle. Il faut donc nous reconditionner complétement en repensant les choses avec une nouvelle échelle de temps car la notion d’attente nous est aujourd’hui difficilement supportable. Malgré tout je ne pense pas que ce soit une chose impossible à concevoir.

COMMENT FAIRE POUR AMÉLIORER CET AVENIR FICTIF ?

Il faudrait que tout le monde aille dans le même sens vis à vis d’un projet pour le faire se rependre et pouvoir aboutir à une utilisation universalisée au lieu de promouvoir des activités Home Made et Do It Yourself qui ne promettent pas une expansion globale des matériaux et des moyens de productions mis en place. Il faudrait également améliorer la communication de ces nouveaux matériaux pour les faire connaître et engendrer une prise de conscience généralisée.