La Modération de Telegram : Un Défi Face à la Désinformation Internationale

Arlyn Dos Santos

Note reflective:

Le 19 octobre 2023, en pleine intensification du conflit entre Israël et le Hamas, la plateforme Telegram est accusée d’être un canal de diffusion pour des contenus non modérés. Critiquée pour avoir permis la propagation de vidéos violentes, de discours incitant à la haine et de désinformation, Telegram a partiellement bloqué un canal officiel du Hamas après la diffusion d’une vidéo d’une otage franco-israélienne, Mia Schem. Ce blocage, limité à l’Europe, a mis en lumière l’absence de régulation sérieuse sur la plateforme, relançant ainsi les débats sur la modération en ligne.

Face à plus de 10 000 messages et vidéos considérés comme altérés, notamment ceux liés au conflit entre Israël et le Hamas, il est crucial d’examiner les conséquences de cette désinformation. L’image de Zelensky avec des messages déformés sur la guerre en Palestine montre comment de telles manipulations peuvent influencer les décisions politiques. C’est pourquoi nous nous interrogeons : Dans quelle mesure Telegram, en raison de sa faible modération, contribue-t-elle à la propagation de la désinformation en temps de guerre, et quelles régulations internationales pourraient être mises en place pour limiter cet impact ?

La désinformation et la modération des contenus numériques sont des enjeux majeurs dans un monde de plus en plus connecté. En période de conflit, la diffusion incontrôlée d’informations non vérifiées peut manipuler l’opinion publique, exacerber les tensions et compliquer l’accès à des solutions pacifiques. Telegram, avec ses groupes et canaux publics échappant largement à la surveillance, devient un terrain propice à la diffusion de contenus dangereux. Contrairement à des plateformes comme Facebook ou YouTube, qui ont mis en place des systèmes de modération avancés, Telegram se distingue par sa permissivité. Cet aspect est particulièrement pertinent dans le cadre du conflit Israël-Hamas, où la plateforme a joué un rôle clé dans la diffusion de vidéos et de récits non modérés.

L’article de Damien Leloup et Florian Reynaud dans Le Monde montre comment Telegram a permis au Hamas de diffuser du contenu violent et biaisé, renforçant ainsi la polarisation et la méfiance entre les différentes parties prenantes. Cet exemple souligne la nécessité de réfléchir à des cadres régulatoires internationaux capables d’imposer une responsabilité accrue aux plateformes numériques, notamment dans des contextes aussi sensibles.

La désinformation consiste à diffuser intentionnellement des informations fausses pour manipuler les opinions. En temps de guerre, cela devient une arme redoutable. Dans le cas de Telegram, l’absence de régulation stricte et la protection de l’anonymat des utilisateurs permettent la prolifération de contenus non filtrés. Les canaux publics, largement utilisés pendant le conflit Israël-Hamas, servent non seulement à partager des vidéos violentes et des messages de propagande, mais aussi à répandre des récits fallacieux, compliquant ainsi la distinction entre faits et rumeurs.

L’Union européenne a introduit le Digital Services Act (DSA) pour contraindre les plateformes à lutter contre la désinformation et les contenus illégaux. Cependant, appliquer ces régulations à Telegram, dont le siège est à Dubaï, demeure un défi. La plateforme refuse souvent de se conformer aux demandes judiciaires, comme l’a illustré l’enquête de l’Ofim. Telegram échappe ainsi à certaines sanctions, soulignant les limites des régulations actuelles.

L’exemple de Telegram dans la propagation de la désinformation durant le conflit Israël-Hamas démontre l’urgence d’établir des régulations internationales efficaces pour contrôler les contenus numériques. Une coopération internationale plus étroite, soutenue par des régulations comme le DSA, est essentielle pour contraindre des plateformes comme Telegram à collaborer avec les autorités judiciaires.

Cependant, cet exemple révèle également le dilemme entre la liberté d’expression et la régulation des contenus sensibles. Telegram, souvent perçue comme un bastion de la liberté d’expression, devient un vecteur de haine et de violence à cause de son manque de modération. Il est crucial de concevoir des cadres régulatoires qui protègent à la fois la liberté d’expression et les droits humains fondamentaux.

En conclusion, la désinformation diffusée sur Telegram durant le conflit Israël-Hamas met en lumière les problèmes posés par les plateformes à faible modération. Les régulateurs doivent travailler ensemble pour créer des mécanismes efficaces limitant l’impact des contenus nuisibles. Toutefois, concilier régulation et liberté d’expression demeure un défi complexe, nécessitant une coopération internationale renforcée.

Bibliographie :