On peut observer dans la nature des paysages minĂ©raux en constante Ă©volution. Lâajout de matiĂšre, la concrĂ©tion, ou le retrait, l’Ă©rosion, modĂšle le relief, sculpte des formes, Ă lâĂ©chelle du temps gĂ©ologique. On peut lire sur un Ă©lĂ©ment prĂ©levĂ© Ă un instant donnĂ©, lâempreinte du temps, et par son usure dĂ©couvrir son processus de crĂ©ation. En opposition Ă ce procĂ©dĂ©, sâĂ©talant souvent sur des millĂ©naires, lâindustrialisation impose une cadence et une linĂ©aritĂ© a la crĂ©ation dâobjets supprimant ainsi toute lisibilitĂ© du processus de crĂ©ation. La forme est dĂ©finie et chaque piĂšce doit ĂȘtre normalisĂ©e. Toute erreur est proscrite.
Le projet « KARST » consiste Ă trouver un compromis entre ces deux processus : naturel, lent et alĂ©atoire, et industriel, rapide et contrĂŽlĂ©. Il sâagit de donner une identitĂ© propre Ă chaque objet par sa crĂ©ation tout en conservant un procĂ©dĂ© industriel. L’objet se crĂ©e par un procĂ©dĂ© accĂ©lĂ©rĂ© de concrĂ©tion, de la matiĂšre liquide (porcelaine, faĂŻence) goute sans contrainte sur un plan. Lâobjet obtenu est une forme pleine, elle est ensuite retournĂ©e et creusĂ©e par un principe dâĂ©rosion.
Le processus permet une intervention minimale de lâhomme et laisse ainsi la forme de se crĂ©er dâelle mĂȘme. Le concept Ă©tant de tout paramĂ©trer afin de produire des sĂ©ries dâobjets, mais puisque lâidĂ©e mĂȘme dâutiliser un processus naturel engendre une part dâalĂ©atoire, chaque Ă©lĂ©ment dâune sĂ©rie sera donc unique dans sa finition. On peut lire sur cette objet industrialisĂ© son histoire de crĂ©ation par un processus gĂ©ologique. D’aspect naturel, il introduit alors Ă son Ă©chelle la notion de paysage dans lâhabitat. Le processus primant sur lâobjet, sa fonction est instinctive, celle dâun contenant, Ă©lĂ©ment de vaisselle karstique.
Objet aléatoire (2010).